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Entre Batman et Halloween, peu d’occasions de voir des chauves-souris sinon quelques soirs d’été quand elles tournoient dans la pénombre. L’imaginaire donne à ses petites bêtes des renommées de vampires et leur faciès, disons-le assez laid, ne fait qu’empirer la peur qu’elles suscitent. Pourtant, ce sont des animaux forts utiles et les viticulteurs de Monbazillac et Duras ont choisi de miser sur leur appétit pour sauver leurs récoltes.
Surprenant ? Audacieux ? Toujours quand il s’agit d’être précurseur ! Voyons cela de plus près…

Vilain papillon et vignerons responsables

Dans cette histoire, le vilain n’est pas celui que l’on croit !
Ici, c’est l’Eudémis, nommé également tordeuse de la grappe, un papillon faisant partie des ravageurs de la vigne. Petit mais responsable de grands dégâts préjudiciables, essentiellement dus à l’altération de la qualité des vendanges par sa larve.
Pour lutter contre ce nuisible, la solution du passé était l’insecticide. Décidément has been !
Heureusement, les pratiques agricoles évoluent et prennent le chemin de solutions innovantes et alternatives.
Les pièges à confusion sexuelle à base de phéromones de synthèse existent mais leur coût limite leur recours.

Alors, une troisième voie est en train de naître, étudiée et testée par les vignerons de Monbazillac et Duras dans le cadre du projet BATVITI :

l’utilisation des chauves-souris comme auxiliaires de culture.

Eudémis-larve-papillon

Ensemble, vignerons, enfants, chiroptères

Partant du constat que les chauves-souris consomment de grandes quantités d’insectes, environ 2500 par mammifère et par nuit, le projet BATVITI mise sur le fait d’encourager la présence de chiroptères à proximité des vignobles pour limiter naturellement la nuisance de l’Eudémis.
Cette étude vise aussi à identifier les facteurs (composition et qualité du paysage, ressources en proies…) jouant sur la fréquentation des vignes par les chauves-souris et les promouvoir dans les deux aires de production test puis dans tout le vignoble.
Pour ce faire, une quarantaine de viticulteurs, majoritairement adhérents aux caves coopératives de Monbazillac et Duras, les Chambres d’Agriculture de Dordogne et du Lot-et-Garonne, le Conservatoire d’espaces naturels de Nouvelle Aquitaine ainsi que les élèves des collège Henri IV à Bergerac et Lucien Sigala de Duras ont collaboré pour mener à bien la première phase du projet : le recensement des espèces présentes sur les zones, la fabrication des nichoirs par les élèves, la pose à raison de trois par exploitation, débutée au printemps 2016 et comptabilisant 74 nichoirs à fin 2017.

Première étape, premier espoir

En quelques chiffres

Cette première phase donne déjà des résultats encourageants et des éléments de connaissance :

 » 16 espèces de chauves-souris ont été inventoriées sur la zone, sur les 34 espèces présentes en France et les 24 espèces connues en Dordogne.

 » 18 colonies de reproduction ont été trouvées sur les territoires de Monbazillac et de Duras.

 » 8 classes paysagères ont été dégagées de l’analyse paysagère.

Une quarantaine d’analyses ADN de guanos ont été effectuées démontrant la présence d’ADN d’Eudémis dans les déjections de chauves-souris de type Pipistrelle commune et Petit Rhinolophe.

On peut donc affirmer dès lors que les chauves-souris exercent donc bien une prédation sur les vers de grappes.
En 2018, l’étude s’attachera à répondre à la question suivante : les chauves-souris peuvent-elles être des prédateurs efficaces du ravageur pour jouer un véritable rôle d’auxiliaire.

Chauve-souris mon amie

Plus largement, c’est à un éveil des consciences et à un réel intérêt du grand public que l’on assiste. Exit les références sanguinolentes importées d’Hollywood, la chauve-souris, dont toutes les espèces sont protégées en France, reprend ses droits d’animal à part entière et captive.
Pour exemple, deux nuits de la Chauve-souris, l’une passée à Duras fin mai, l’autre à venir, vendredi 1er juin au Château de Monbazillac pour en savoir plus et découvrir leur univers à travers projection et balade nocturne à leur écoute.

Par Marie-Laurence Prince

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