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Le rendez vous est à 18 h, au domaine, au pied des coteaux de Saussignac, là où se dresse une fière bâtisse au milieu d’un joli patchwork de vignes enchevêtrées dans les coteaux. Annabelle et Pierre sont descendus en quad à travers vigne de leur maison plus haut sur le versant de Saussignac. Comme tous les soirs, ils goûtent les raisins au hasard des rangs à cette époque cruciale où l’on suit la maturité de très près. Attablés à la terrasse, nous marquons un temps d’arrêt pour contempler un soleil couchant qui n’en finit pas de darder ses rayons dorés en ce début du mois d’octobre. « L’automne est le printemps de l’hiver… » disait Toulouse Lautrec, un voisin du Sud-Ouest. C’est particulièrement vrai en cette année 2016, année record d’ensoleillement. Dans cette côte nord, exposée face à la plaine de la Dordogne, les vignerons quémanderaient presque un peu de pluie pour « faire partir » le botrytis cinerea, la fameuse pourriture noble, sur les baies de sémillon surmûries.

 

Pierre est le petit-fils d’un régisseur de domaines en Algérie et son père, Pierre-Jean, oenologue, est revenu au pays dans les années 1960 et s’est installé à Court les Mûts. Pierre a fait son tour du monde viticole après avoir fait «agro et oeno» à Toulouse.

De la Californie à Saint Chinian en passant par le vignoble Suisse, le périple se termine plutôt magistralement avec un stage à Lafite Rotschild. Retour à la propriété familiale de Court les Mûts en 2002, où du renfort pour piloter les soixante hectares ne semble pas superflu. Après un temps pour prendre ses marques, la complémentarité naturelle avec «le Père» porte vite ses fruits. «Côté vinification en blanc, il a tout compris depuis longtemps, il pratiquait la macération pelliculaire avant tout le monde» raconte Pierre avec un mélange de fierté et de respect. Quant aux liquoreux, le fameux Saussignac, «il a toujours su que c’était les vieilles vignes qui donnaient le meilleur nectar». Mais pour les rouges, l’essentiel est dans les vignes avant d’être dans les cuves: «je place le curseur sur la qualité des raisins» et pour cela je me suis offert le luxe de prendre le temps d’étudier mon terroir, parcelle par parcelle.»

 

C’est lors de vacances en Ariège qu’il rencontre Annabelle, venue du Nord, éprise de soleil, de nature et d’art. « Je suis tombé en arrêt devant un des tableaux d’Annabelle en visitant sa galerie » confie Pierre, « et je n’ai eu de cesse de la rencontrer ». Elle devient très vite impliquée dans la vie du domaine, avec un fil conducteur commun à tous les deux: le goût de la création.

Bijou créé par Annabelle

En 2003, la cuvée Oracle est le fruit de cette quête vers l’excellence. Cela commence au cœur de l’été, à la mi-août, par des vendanges vertes très tardives. Pour n’obtenir que « du parfait », on cisaille les grappes de Malbec. « C’est la cuvée haute couture», précise Annabelle. S’ensuivent un pigeage à la main et un élevage en barriques neuves. Avec la cuvée « des pieds et des mains », on pousse encore plus loin dans l’exigence, avec une récolte manuelle façon « fée Clochette »: ce qui tombe quand on secoue les grappes ne trouve pas grâce. Dans les petites cagettes on trie encore pour ne garder que du «caviar de raisin» que l’on vinifie directement en barrique, en vinification intégrale. Les « heureux élus » sont les grains issus d’une sélection de morceaux de parcelles, un « zonage », que l’on vendange à la main, en tribu avec les copains. Pierre voue un culte au Malbec qu’il replante avec l’aide de Pierre-Jean, ainsi que la Mérille, vieux cépage authentique du Périgord.

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